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Nouveaux rythmes scolaires : la population est partagée, même en Flandre
Monique Baus
4–5 minutes
La modification du calendrier scolaire appliquée depuis août 2022 dans les écoles francophones est-elle une bonne idée ? À l’approche du congé de Toussaint qui durera deux semaines pour la deuxième fois, la question a été posée aux électeurs, dans le cadre de notre sondage La Libre-RTBF-Kantar (réalisé en ligne du 10 septembre au 9 octobre).
Des grands principes bien connus
Portée par la ministre de l’Éducation, Caroline Désir (PS), la réforme des congés annuels s’est concrétisée dans les écoles maternelles, primaires et secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles, à la rentrée 2022-2023. Les grands principes en sont bien connus maintenant : une alternance entre 6 à 8 semaines de cours et deux semaines de congé pendant l’année scolaire, et des vacances d’été un peu raccourcies.
Les écoles flamandes et germanophones, elles, sont restées au calendrier d’avant. Ce qui occasionne des difficultés pour les familles dont tous les membres ne sont pas impliqués dans le même système. L’enseignement supérieur n’a pas bougé non plus.
Égalité de “pour”, de “contre” et de “sans avis”
Les répondants à notre sondage apparaissent divisés sur la question, tant en Wallonie qu’à Bruxelles et en Flandre. Partout, les “pour”, les “contre” et les “sans avis” se partagent en trois tiers à peu près équivalents, avec une proportion un peu plus importante, côté flamand, de personnes qui ne se prononcent pas.
En Wallonie et à Bruxelles, notre sondage montre que ce sont plutôt les jeunes qui trouvent ce changement positif (les 18-24 et les 25-34 ans). En Flandre, par contre, elle est plébiscitée surtout par les plus âgés (les plus de 45 ans).
Dans les zones rurales de Wallonie, contrairement aux grandes villes et à partout ailleurs dans les autres régions, les “pour” et les “contre” s’opposent plus nettement. Les gens qui n’ont rien à dire s’y effacent devant respectivement 44 et 42 % d’avis tranchés.
Nouveaux rythmes scolaires : la population est partagée, même en Flandre
Nouveaux rythmes scolaires : la population est partagée, même en Flandre ©IPM Graphics
Les électeurs du PS soutiennent, MR et PTB pas
Les positionnements en fonction des intentions de vote montrent que les électeurs du PS soutiennent la réforme de la ministre socialiste (à 50%), tant en Wallonie qu’à Bruxelles. Les moins chauds (25 à 30% de soutien) votent MR ou PTB.
Plus curieux, en Flandre : ce sont les électeurs de la N-VA (le parti du ministre flamand de l’Éducation, Ben Weyts, qui freine pourtant une telle réforme des rythmes scolaires) qui apprécient le plus le changement francophone (à concurrence de 42%). Celui-ci est énergiquement rejeté, par contre, dans la sphère Vlaams Belang.
Sur la scène politique, où en est-on concernant une harmonisation des calendriers dans tout le pays ? Des voix flamandes ont déjà pris position dans ce sens, comme Koen Pelleriaux, l’administrateur délégué de GO ! (l’enseignement officiel en Flandre). Lors d’un débat au Parlement flamand, cet été, l’Open VLD, Vooruit et Groen s’y sont aussi montrés plutôt favorables. Mais le ministre Weyts campe sur sa position : pas maintenant.
Lydia Klinkenberg, sa consœur en Communauté germanophone, souhaite pour sa part des preuves scientifiques des bienfaits de la nouvelle organisation francophone avant de décider.
Concernant l’enseignement supérieur, enfin, il n’y a pas unanimité des acteurs. Aucun changement ne sera dès lors apporté, là non plus, sous cette législature.
Rythmes scolaires: la ministre Désir écarte toute modification du calendrier scolaire pour l'année prochaine
_> Ce sondage a été réalisé par l’institut Kantar via un sondage en ligne du 10 septembre au 9 octobre auprès de 436 électeurs habitants en Wallonie, 566 électeurs habitants en Flandre et 545 électeurs habitants à Bruxelles ayant le droit de vote aux élections nationales de 2024. Leur représentativité a été pondérée en fonction de la population belge selon l’âge, le niveau d’éducation, le statut professionnel et la province. La marge d’erreur maximale est 4,4 % dans les trois régions.